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L’ORAGE.

ils se divisèrent en trois tribus hostiles, se tinrent en embuscade pour s’élancer les uns contre les autres en poussant des cris de guerre effroyables, se tuant et se scalpant par milliers.

On rentra au camp à l’heure du souper, heureux et affamé. Mais il surgit alors une difficulté. Des tribus hostiles ne sauraient rompre le pain de l’hospitalité sans avoir conclu un traité d’alliance. Ce traité, il était impossible de le conclure sans avoir fumé le calumet de la paix. Deux des sauvages regrettèrent de ne pas être restés pirates. Cependant, ils firent contre fortune bon cœur, demandèrent le calumet et lancèrent leur bouffée officielle avec toute la gravité voulue chaque fois que la pipe passait de main en main. Bien avant la fin de la cérémonie ils se réjouirent d’avoir embrassé la vie sauvage, car ils s’aperçurent qu’ils pouvaient fumer sans se voir obligés d’aller à la recherche d’un couteau perdu. Ce progrès était trop encourageant pour ne pas inviter d’autres efforts. Après souper ils s’exercèrent donc avec un succès qui les remplit de joie. Ils se montrèrent aussi fiers de leur nouveau talent que s’ils eussent scalpé pour de bon des centaines de Peaux-Rouges.