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L’ÉLOGE FUNÈBRE DE TOM.


XV

L’ÉLOGE FUNÈBRE DE TOM.


Cinq ou dix minutes plus tard, Tom barbotait dans l’eau peu profonde de la barre et s’avançait vers la côte la plus rapprochée de l’île. Avant que l’eau eût atteint sa ceinture, il était à mi-chemin. Comme le courant ne lui permettait plus de continuer sa marche, il se jeta à la nage pour franchir les derniers cent mètres, gagna la rive et se mit à courir. Un peu avant dix heures, il atteignit une baie située presque en face de Saint-Pétersbourg. Au-dessous de lui il aperçut le bac, dont la cheminée lançait des jets de fumée. Il dévala le long de la berge, se glissa dans l’eau, fit deux ou trois brassées, grimpa dans le canot arrimé à l’arrière du vapeur et attendit. Bientôt une cloche fêlée résonna et une voix qu’il connaissait bien cria : « Au large ! » Une minute ou deux plus tard l’avant du canot était soulevé dans le sillage de son remorqueur, et le voyage commençait. Tom se réjouit d’être arrivé juste à temps, car il n’ignorait pas que le bac ne traverserait plus le fleuve ce soir-là. Au bout d’un quart d’heure les roues cessèrent de tourner et Tom nagea jusqu’à terre, abordant à une certaine distance du débarcadère afin d’éviter la rencontre des autres passagers. Il franchit au pas de course les rues déjà désertes, et se trouva bientôt derrière la maison de sa tante. Escaladant la clôture de planches, il s’approcha de la croisée du parloir où il voyait briller une lumière. Là se trouvaient tante Polly, Sid, Marie et la mère de Joe Harper, qui parlaient évidemment des noyés, à en juger par leur mine attristée. Le parloir, je l’ai déjà dit, était aussi la chambre à coucher de tante Polly.