Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/92

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de long. Ils tenaient, l’un et l’autre, une hache à la main. Derrière eux s’avançaient un chevalier, puis le lord grand-amiral accompagné de cinq gentilshommes en pourpoint de velours cramoisi, fortement échancré dans le dos et sur la poitrine, et lacé par devant avec des chaînettes d’argent. Ils portaient aussi, négligemment jeté sur les épaules, une espèce de manteau en satin cramoisi ; leur chapeau était orné de plumes de faisan et pareils à ceux des danseurs de l’époque. Leur costume était taillé à la mode de Prusse. Une centaine de porte-torches formaient la haie. Ils étaient vêtus de satin vert et cramoisi, et ils étaient noirs comme des Maures. Les porte-torches précédaient la Mommarye ou mascarade, qui fit irruption en chantant. Elle était guidée par les musiciens déguisés qui marquaient le pas. À ce signal, toute l’assemblée, lords et ladies, gentilshommes et dames nobles, notables et dignitaires, entra en mouvement. La gravité qui avait régné jusqu’alors fit place à une sauterie générale, où chacun rivalisait de gaieté et d’entrain.

Tom, assis sur un siège plus élevé que les autres, contemplait avec des yeux émerveillés le pêle-mêle gracieux de la danse. Il se laissait aller à toute sa joie en voyant se dérouler, dans le tournoiement des couleurs d’un kaléidoscope, les figures savamment réglées par les musiciens.

Pendant ce temps, le vrai prince de Galles, qui était dehors dans la rue, faisait, tout vêtu de haillons, un véritable vacarme à la porte de Guildhall pour se frayer un passage. Il proclamait ses droits et ses griefs, dénonçait l’imposteur, menaçait de mort quiconque lui résistait.

La populace était en proie à un véritable délire.