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vent dans toutes les mains. Ce succès est dû en grande partie à un genre d’esprit et à des procédés littéraires qui, pour le public français, échappent à l’analyse.

Un de nos plus charmants auteurs, qui est en même temps un critique remarquable de la littérature anglo-saxonne, M. André Theuriet, parle de Mark Twain en ces termes : « Un entrain extraordinaire dans la raillerie à froid poussé avec une flegmatique persistance jusqu’aux limites extrêmes de la bouffonnerie ; une façon originale et spirituelle de démontrer par l’absurde les vérités du sens commun ; un gros bon sens assaisonné d’une plaisanterie toujours mordante sans être amère et sans avoir l’air d’y toucher, voilà les principaux caractères de l’humour de cet essayist américain. Mark Twain est possédé de l’amour du vrai : il a horreur de la sensiblerie et de la fausse morale conventionnelles qui ont cours dans les hautes et basses classes de la société ; avec sa rude ironie systématiquement répétée, il fait entrer, comme à coups de marteau, les saines notions du vrai et du naturel dans les cerveaux illettrés et à peine dégrossis des mineurs californiens ».

Ce jugement est d’une exactitude absolue, mais il ne s’applique qu’aux esquisses et aux impressions