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splendide pourpoint de damas blanc barré d’or, avec le petit manteau court de velours cramoisi doublé de taffetas violet et les hauts-de-chausses couleur de chair. Ils faisaient partie de la maison de l’ambassadeur de France. Après eux marchaient douze chevaliers de la maison de l’ambassadeur d’Espagne, vêtus des pieds à la tête de velours noir sans aucun ornement. Des seigneurs appartenant à la haute noblesse d’Angleterre fermaient le cortège avec leurs gens.

Une nouvelle fanfare résonna à l’intérieur du palais. Alors l’oncle du prince, le futur duc de Somerset, se montra sous le portail. Il avait un justaucorps de brocart noir, un manteau d’écarlate semé de fleurs d’or et garni de dessins en fil d’argent. Il se tourna de manière à regarder l’ouverture du portail, ôta sa toque ornée de plumes, fit une révérence jusqu’à terre et marcha à reculons, en s’inclinant à chaque marche qu’il descendait.

Il y eut une salve prolongée de fanfares, et un héraut proclama d’une voix retentissante :

— Place à très haut et très puissant lord Édouard, prince de Galles !

Des langues de flammes coururent tout à coup sur la crête des murailles du palais ; une explosion pareille à celle de la foudre ébranla les airs ; la foule, massée sur le fleuve et aux abords, éclata en une immense clameur de joie ; et Tom Canty, le héros de cette fête, apparut à tous les yeux éblouis, debout, la tête légèrement inclinée, comme il convient à un prince qui reçoit l’hommage de son peuple.

Il avait un ravissant pourpoint de satin blanc, avec plastron de drap rouge poudré de diamants et bordé