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— Assurément, Mylady, dit-il. Sa Majesté la Reine a été fort sensible aux hommages de Son Altesse.

Tom mâchonna entre ses dents quelque chose qui pouvait au besoin passer pour une affirmation ; mais il sentait qu’il glissait sur un terrain dangereux.

L’instant d’après, on fit allusion à la suspension des études du prince. Là-dessus, la petite princesse s’exclama :

— C’est dommage, grand dommage ! Vous faisiez des progrès. Mais prenez patience, cela ne sera pas long. Vous avez tout le temps de devenir instruit comme votre père, et d’être comme lui passé maître dans la science des langues, mon bon prince.

— Mon père ! s’écria Tom en s’oubliant tout à coup. Ah ! je vous jure bien qu’il parle comme pas un porc d’Angleterre ; et quant à ce qu’il sait, ma foi…

Il leva la tête et s’arrêta sous le regard que lui lançait lord Saint-John.

Il était devenu tout rouge et reprit tout bas avec tristesse :

— Ah ! ce mal qui m’accable, ce trouble de ma raison ! Je n’ai pas eu l’intention d’offenser le Roi.

— Nous le savons, Monseigneur, dit la princesse Élisabeth en prenant la main de « son frère » dans les siennes et en la caressant avec respect ; mais ne vous tourmentez point. Ce n’est pas votre faute. C’est votre état seul qui en est cause.

Tom eut un geste de remerciement :

— Vous êtes bien gentille de me consoler ainsi, bonne lady, dit-il, et si j’osais, je vous dirais tout ce que mon cœur éprouve de reconnaissance pour vous.

La petite lady Jane lui jeta malicieusement une