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Tout à coup un splendide personnage s’approcha de ces groupes, et lut solennellement la proclamation suivante :

« AU NOM DU ROI !

« Mandons et ordonnons à un chacun de ne point écouter les dires faux et insensés, sous peine de mort, ni les discuter, ni les porter au dehors. Au nom du roi ! »

Les chuchotements avaient cessé comme si les chuchoteurs eussent été subitement frappés de mutisme.

Presque en même temps un sourd bourdonnement courut dans les corridors :

— Le prince ! Voici le prince !

Le pauvre Tom s’avança en traînant ses pas. Les groupes firent de profondes révérences ; il essaya de s’incliner à son tour, en regardant timidement son étrange entourage, les yeux effarés, la physionomie triste et touchante. À ses côtés marchaient deux grands dignitaires. Il s’appuyait sur eux, près de défaillir. Derrière lui venaient les médecins de la cour et quelques gentilshommes.

Tom se trouva quelques instants après dans un vaste appartement dont il entendit les portes se fermer. Autour de lui étaient rangés ceux qui l’avaient accompagné. Devant lui, à quelque distance, était couché un homme très grand et très gros, au visage large et bouffi, au regard dur et sévère. Il avait une grosse tête, des cheveux tout blancs, une barbe toute blanche qui encadrait sa figure. Son costume était riche, mais vieux, et légèrement usé par endroits. Une de ses jambes fortement enflée repo-