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CHAPITRE V.

TOM PARVIENT AUX HONNEURS.


Tom Canty, laissé seul dans le cabinet de travail du prince, mit aussitôt sa bonne fortune à profit. Il se pavana, se carra, prit vingt poses diverses devant la grande glace, admirant l’élégance de son costume et la richesse de ses bijoux, marchant fièrement, en avant, à droite, à gauche, à reculons, imitant les grands airs de distinction du prince, et étudiant amoureusement l’effet de chacun de ses mouvements. Ensuite il tira sa belle épée, la fit ployer, baisa la lame, la ramena gravement sur sa poitrine, en manière de salut, comme il avait vu faire, cinq ou six semaines auparavant, par un gentilhomme chargé de remettre aux mains du lieutenant de la Tour lord Norfolk et lord Surrey, pour les conduire en captivité. Puis il joua avec la dague, ornée de joyaux, qui lui pendait sur la cuisse ; il examina les précieuses tentures de l’appartement et les objets d’art qui en rehaussaient l’éclat ; il essaya l’un après l’autre les fauteuils somptueux ; et il souhaita que la population parquée dans Offal Court pût regarder par les joints de la porte pour le contempler dans toute sa magnificence. Il se demanda si on le croirait bien quand il raconterait cette histoire merveilleuse,