moment où l’archevêque de Canterbury allait poser la couronne sur la tête de Tom Canty.
Il se plaisait à dire que le souvenir de ces événements était pour lui une de ces grandes et précieuses leçons dont il voulait profiter constamment pour faire le bonheur de son peuple ; et il ajoutait qu’il ne cesserait de penser à tout ce qu’il avait souffert et vu souffrir, afin que la pitié fût dans son cœur comme une source qui ne tarit jamais.
Miles Hendon et Tom Canty restèrent les favoris du Roi, dont le règne fut malheureusement trop court, et pleurèrent sincèrement sa mort. Le brave comte de Kent n’abusa point du privilège qui lui avait été accordé. Il ne l’exerça que deux fois depuis le couronnement d’Édouard VI, la première à l’avènement de la reine Marie, la seconde, à l’avènement de la reine Élisabeth. Un de ses arrière-petits-fils le revendiqua à l’avènement de Jacques Ier. Plus d’un quart de siècle s’écoula ensuite avant qu’il fût question du « privilège des Kent », presque tombé dans l’oubli.
Quand le comte de Kent parut devant Charles Ier et sa cour, et s’assit en présence du Roi pour affirmer et perpétuer les droits de sa maison, il y eut une grande agitation parmi la noblesse. Mais le descendant de Miles Hendon montra ses parchemins, et le privilège fut maintenu. Le dernier des comtes de Kent mourut pendant les guerres de la République, en combattant pour le Roi, et le privilège s’éteignit avec lui.
Tom Canty devint très vieux. C’était, sur la fin de ses jours, un beau vieillard aux cheveux de neige, à la barbe d’argent, avec un air doux et paternel. Il jouit toute sa vie des honneurs qui lui avaient été