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l’ai trouvé ? Les guenilles et les paroles de ce gredin qui avait l’air de le connaître et se disait même son père indiquent clairement qu’il est d’un quartier pauvre et peut-être bien du plus pauvre de Londres. Chercher un quartier dans une grande ville ne saurait être ni difficile ni long. On peut ne pas retrouver un enfant, on trouve un quartier, et dans ce quartier une rue, et dans cette rue une maison, et dans cette maison un enfant.

Resserrer successivement le cercle des investigations, c’était la vraie tactique à suivre. Tactique infaillible, car la populace ne devait pas manquer de s’amuser des airs extraordinaires de l’enfant qui, là comme ailleurs, se proclamerait roi. Il y aurait peut-être à imposer silence à ces drôles, à casser une tête, un bras ou une jambe, à emporter l’enfant de force, à le calmer, à le réconforter par des paroles douces, tendres et aimables. Mais Miles Hendon n’était-il pas homme à faire tout cela, surtout quand il s’agissait de n’être plus séparé de son cher petit protégé ?

Miles se mit donc en quête. Pendant plusieurs heures, il fouilla les allées sordides, les impasses infectes, les rues obstruées par les immondices, les groupes et les cohues, et certes il ne fut point en reste de besogne. Mais de l’enfant, rien. Ceci lui causa une grande surprise ; pourtant il ne se découragea point. Il n’y avait rien à dire à son plan de campagne, si ce n’est que ce plan, au lieu d’abréger les recherches, les multipliait et les prolongeait indéfiniment.

Quand le jour se leva, il avait fait je ne sais combien de milles de chemin ; il avait remué des tas d’ordures, de quartiers et de gens, et le seul résultat qu’il eût obtenu, c’était d’avoir faim comme un loup, d’être las comme un chien, et d’avoir envie