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— Saisissez ce coquin, mettez-le nu comme un ver et jetez-le à la Tour !

Mais le nouveau roi, le vrai Roi, fit un geste, et le Lord Protecteur trembla.

— Arrêtez, mylord duc. Telle n’est point notre volonté. Sans lui, nous n’aurions point recouvré notre couronne. Que personne ne mette la main sur lui ! Je le défends ! Et quant à vous, mon bon oncle, mylord Protecteur, votre conduite à l’égard de cet enfant pauvre et innocent n’est point signe de gratitude : c’est lui qui vous a fait duc.

Le Protecteur rougit.

— Il vous a fait duc, lui qui n’était pas roi. Que vaut donc votre beau titre ? Demain vous le prierez d’intercéder pour vous ; s’il le veut, vous resterez duc ; sinon vous redeviendrez ce que vous étiez avant son prétendu règne, simple comte.

Le duc de Somerset se recula, sans pouvoir dissimuler sa confusion.

Alors le roi se tourna vers Tom et lui dit avec affabilité :

— Comment as-tu pu, pauvre petit, te rappeler où était le grand sceau, quand je ne pouvais me le rappeler moi-même ?

— Ah ! sire, rien n’est plus simple, je m’en servais tous les jours.

— Tous les jours ? Et tu ne savais pas où il était ?

— Je ne savais pas ce que c’était. Personne ne me l’avait dit.

— Et à quoi te servait-il alors ?

Tom rougit comme un enfant qu’on prend en flagrant délit de larcin et qu’on va fouetter. Il baissa les yeux et se tut.

— Parle, dit le roi, parle sans crainte, pauvre