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se promit de garder ces objets avec le plus grand soin.

— Elles ont partagé la captivité du Roi, se dit-il, le Roi les fera rechercher, il leur accordera son appui, sa protection. Elles seront heureuses.

En ce moment, le geôlier entra avec quelques acolytes, et commanda de mener les prisonniers dans la cour de la geôle.

Le roi poussa un cri de joie. Il allait donc enfin revoir le ciel bleu, respirer l’air pur. Il s’irritait de la lenteur des formalités. Son tour n’arriva qu’en dernier lieu. On détacha sa chaîne qui était fixée au mur, comme on avait détaché celle de Miles Hendon, et les prisonniers se mirent en marche sous l’escorte de leurs gardiens.

La cour de la geôle était un préau à ciel ouvert, pavé de dalles. Les prisonniers y pénétrèrent par une arcade de maçonnerie massive. On leur ordonna de se mettre en rang, le dos au mur. Une grosse corde tendue sur eux les empêcha de se mouvoir. Des gardes armés jusqu’aux dents faisaient sentinelle de distance en distance. L’air était glacial. La neige, tombée pendant la nuit, couvrait le sol d’un linceul lugubre. Par moments un coup de vent balayait cette neige et fouettait les visages des malheureux incapables de se garantir.

Au milieu de la cour se dressaient deux poteaux. Deux femmes y étaient attachées. Le roi les reconnut aussitôt : c’étaient ses compagnes de captivité.

— Hélas ! se dit-il, je croyais qu’on n’aurait point eu cette cruauté. Pauvres créatures ! Je n’aurais jamais supposé que l’on eût le courage, la lâcheté de fouetter des femmes ! Oh ! honte ! voir de telles choses, non dans un pays d’infidèles, mais en