mal. Pour lady Élisabeth et ma cousine, ces deux langues et les autres ne sont qu’un jeu. Si tu les entendais !… Mais parle-moi d’Offal Court ; est-ce qu’on s’y amuse ?
— Oh, oui, beaucoup, quand on n’a pas faim. Il y a Punch et Judy[1] ; et puis il y a les singes ; ils sont si drôles, si bien dressés ! Et puis on joue des pièces où l’on tire des coups de feu ; on se bat, et tout le monde est tué. Il faut voir comme c’est beau ; et ça ne coûte qu’un farthing ; — mais on n’a pas tous les jours un farthing, car c’est dur à gagner, mon bon seigneur.
— Et puis ?
— À Offal Court nous nous battons aussi avec des bâtons, comme font les apprentis.
Le prince ouvrait de grands yeux.
— Vraiment, cela doit être très amusant. Et puis ?…
— Et puis, il y a aussi les courses, pour voir qui arrive le premier.
— Oh ! j’aimerais ça aussi. Et puis ?…
— Et puis, messire, l’été nous marchons dans l’eau, nous nageons dans les canaux et dans la Tamise ; et puis on fait faire le plongeon aux autres, on leur jette de l’eau plein le visage ; on crie, on saute, on fait des culbutes ; et puis…
— Oh ! je donnerais le royaume de mon père pour voir cela, rien qu’une fois. Et puis ?…
— Nous dansons, nous chantons autour de l’Arbre-de-Mai dans Cheapside. Nous jouons dans le sable. On fait de grands tas et on s’y ensevelit. Et
- ↑ Punch et Judy sont les deux principaux personnages du Guignol ou théâtre de marionnettes en Angleterre.