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d’un coup posé sur elle sa main glacée. Ses lèvres s’entr’ouvrirent, et avec un accent indéfinissable elle dit :

— Je ne le connais pas !

Elle eut un soupir étouffé, baissa la tête et se retira.

Miles Hendon s’était affaissé dans un siège. Il avait caché sa tête dans ses mains.

Hughes fit un signe à ses gens :

— Vous l’avez vu ? interrogea-t-il impérieusement. Le connaissez-vous ?

Ils secouèrent la tête négativement.

Alors Hughes s’avança vers Miles avec le calme qu’il n’avait cessé de garder.

— Mes gens ne vous connaissent point, dit-il, je crains qu’il n’y ait de votre part quelque méprise, je ne vous ai jamais vu, et vous avez entendu ce que vient de dire ma femme.

— Ta femme !

Une main de fer avait saisi Hughes à la gorge et le clouait contre le mur.

— Ah ! traître ! scélérat ! vipère ! renard ! mes yeux se dessillent enfin ! C’est toi qui as écrit la lettre ! Tu as menti alors comme tu as menti quand tu m’as fait chasser de la maison paternelle ; tu m’as volé mes biens, tu m’as ravi ma fiancée ! Malheur à toi ! meurs écrasé de ma main comme on écrase un reptile immonde ! Car tu n’es pas digne de mourir par l’épée d’un soldat loyal et d’un honnête homme !

Hughes étouffait.

Il parvint toutefois à se dégager.

— Qu’on le saisisse, commanda-t-il à ses gens, qu’on l’enchaîne !

Il y eut un moment d’hésitation. Un des gens dit :