Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/250

Cette page a été validée par deux contributeurs.

né, que j’ai été élevé, que j’ai grandi, sire ; oui, je ne mens point, je ne vous trompe point, et si personne ne veut me croire, oh ! je vous en supplie, ne doutez pas de moi, vous que j’aime si tendrement !

— Je ne doute pas de vous, dit le roi avec une simplicité enfantine, je crois que vous êtes Miles Hendon.

— Oh ! merci ! merci du fond de mon âme, s’exclama Hendon profondément touché.

L’enfant le regarda affectueusement ; et, avec le même air naïvement enfantin :

— Et vous, dit-il, croyez-vous que je suis le Roi ?

Miles voulut balbutier quelques paroles. Heureusement pour lui la porte s’ouvrit et livra passage à Hughes, suivi de plusieurs personnes.

Il tenait par la main une jeune dame richement vêtue. Derrière eux venaient quelques gens de service.

La dame s’avança lentement, la tête baissée, les yeux fixés à terre, le front surchargé de tristesse.

Miles Hendon s’était précipité vers elle, en criant :

— Édith, ma chère Éd…

Mais Hughes le repoussa gravement et se tournant vers la dame :

— Regarde-le bien, demanda-t-il, le reconnais-tu ?

En entendant la voix de Miles, elle avait tressailli, ses joues s’étaient couvertes d’une subite rougeur. Elle demeura immobile, et sembla, pendant longtemps, absorbée dans de pénibles réflexions ; puis elle leva doucement la tête, attacha sur Hughes un long regard, parut plonger ensuite ses yeux dans ceux de Miles et le contempla avec froideur et mépris. Ses joues se décolorèrent lentement, son visage prit un aspect livide. On eût cru que la mort avait tout