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des traits de ressemblance cachés à mes yeux. Hélas ! je crois bien que la lettre…

— Quelle lettre ?

— Celle que nous reçûmes d’outre-mer, il y a six ou sept ans. Elle nous disait que notre frère était mort sur le champ de bataille.

— Cette lettre ment. Appelle ton père. Il me reconnaîtra bien, lui…

— Mon pauvre père est dans un royaume d’où l’on ne rappelle personne !

— Mort !

Miles eut un tressaillement. Une affreuse pâleur couvrit son visage.

— Mon père mort ! Ah ! je ne m’attendais point à cette horrible nouvelle ! Il me semble que toute ma joie s’en est allée d’un seul coup ! Puisque mon père est mort, appelle Arthur ; il m’a tant aimé, il ne saurait m’avoir oublié, il me reconnaîtra, et je pleurerai avec lui notre père !

— Arthur est mort !

— Dieu ! qu’entends-je ! Arthur mort aussi ! Tous les deux !… Ceux que j’aimais,… et Dieu ne me laisse que celui qui… Oh ! pitié ! ne me dis point que lady Édith…

— Vous paraissez connaître lady Édith et craindre qu’elle ne soit morte. Elle vit.

— Grâces soient rendues à la miséricorde divine ! Édith vit, dis-tu ? Hâte-toi, mon frère, prie-la de venir ici ! Si elle ne dit point qui je suis… mais non… elle le dira… non, non, elle ne saurait point ne pas me reconnaître, elle ; ce doute est insensé… Appelle-la, je t’en supplie ; fais venir les anciens serviteurs de Hendon Hall ; ils attesteront que je suis ton frère.