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et armoriés, dans un vaste jardin de fleurs.

Un manoir seigneurial se dressait devant eux.

— Soyez le bienvenu au château de Hendon, mon Roi ! s’exclama Miles. Ah ! quelle journée ! quelle grande journée ! Mon père et mon frère et lady Édith ne vont pas se sentir de joie ; ils n’en croiront pas leurs yeux, leurs oreilles ; ils en perdront la parole ; n’interprétez point à mal leurs transports qui s’adresseront, naturellement, d’abord à moi, sire ; ne prenez point souci du premier accueil qu’ils vous feront ; cela changera tout de suite, quand je leur aurai dit que vous êtes mon pupille, mon protégé, que je vous aime comme si vous étiez mon fils, que je ne veux pas me séparer de vous, que vous êtes digne de leur affection comme de la mienne. Vous verrez comme on vous chérira alors, pour l’amour de Miles Hendon, comme tous les bras vous seront ouverts, comme tous les cœurs iront à vous, comme tout le monde vous dira : Restez ! vous êtes des nôtres !

Hendon avait sauté à terre près de la porte d’entrée, il aida le roi à descendre, le prit par la main, et s’élança avec lui à l’intérieur du manoir.

Il poussait les portes, traversait les salons, allait comme le vent. Enfin il arriva dans une vaste pièce, montra un escabeau au roi, et aperçut auprès d’une fenêtre un homme encore jeune assis devant une table, les pieds sur les chenets du foyer où brûlait un grand feu de bois.

— Hughes ! Hughes ! me voici ! viens ! viens dans mes bras, cria-t-il. N’est-ce pas que tu es heureux de me revoir ? Où est mon père ? que je le voie tout de suite ! Je ne me croirai pas chez moi avant de lui avoir serré la main, d’avoir vu son visage, d’avoir entendu sa voix.