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ses faces, songez bien qu’il ne s’agit que d’une farce, d’une plaisanterie, et qu’il serait inouï qu’un homme que je ne connais pas vînt me faire du tort auprès des supérieurs. Je sais bien que quand le juge sera convaincu qu’il n’est question que d’une farce — et c’en est une, rien de plus, — il se bornera à me faire une réprimande ; mais…

— Savez-vous quel nom la loi donne à ce genre de farce ?

— Non, je ne sais pas. Je ne suis pas savant. La loi, dites-vous, a prévu ce cas, ce délit, s’il y a délit ?

— Ce n’est pas un délit, mais un crime. La loi dit : Non compos mentis lex talionis, sic transit gloria mundi.

— Ah ! mon Dieu !

— Et la pénalité, c’est la mort.

— Miséricorde !

— Écoutez bien. Vous avez profité de la situation où se trouvait la paysanne, et vous avez abusé de l’avantage que vous donnait sur son esprit faible et craintif votre qualité de représentant de la loi ; vous avez fait saisie-arrêt et exercé le droit de confiscation sur une valeur de plus de treize pence en la payant une bagatelle. Tous ces agissements sont qualifiés par la loi de crime assimilé à la baraterie, de non-révélation d’attentat, de malfaisance en exercice de fonctions, ad hominem expurgatis in statu quo, et la pénalité édictée pour les crimes de cette nature est la mort par la hart, sans composition[1], commutation, ni bénéfice de clergie[2].

  1. La composition est l’amende payée pour tenir lieu de punition corporelle.
  2. Le bénéfice ou privilège de clergie était à l’origine l’exemp-