Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/231

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Doucement, mon ami, doucement, dit Hendon. Retirez votre main, je vous prie. Il ira où vous voudrez, je réponds de lui. Marchez devant, nous vous suivrons.

Le représentant de la loi ne répondit point. Il fit signe à la foule de se ranger. Puis il ouvrit la marche avec une grave lenteur. La femme était à côté de lui, son paquet sous le bras. Miles et le roi venaient derrière. La foule fermait le cortège. Le roi voulait regimber ; Hendon lui dit tout bas :

— Songez-y bien, sire, la loi est comme le souffle bienfaisant de la royauté ; qui mieux que vous peut donner l’exemple de la soumission aux officiers de la justice royale ? La loi a été violée. Quand le Roi sera remonté sur son trône, il n’aura point à rougir d’avoir, le jour où il ne paraissait être qu’un simple sujet, prouvé à son peuple que la loi doit être souveraine.

Ces paroles firent une profonde impression sur l’esprit de l’enfant.

— Vous avez raison, sir Miles ; je n’ai pas besoin d’en entendre davantage. Je saurai montrer à mon peuple que le Roi d’Angleterre n’impose point à ses sujets d’autres lois que celles qu’il veut observer lui-même.

Quand la femme fut appelée à témoigner devant le magistrat, elle prêta serment que le prisonnier, assis sur le banc des accusés, était bien celui qui avait commis le vol. Aucun témoin à décharge ne se présenta. La culpabilité du roi était évidente. N’avait-il pas été pris en flagrant délit ?

Alors on examina de plus près les pièces de conviction. Le magistrat plongea la main dans le panier et en retira le paquet qu’il ouvrit.