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dont les détours le ramenèrent un peu plus loin sur la route. En y débouchant, il avait les mains dans les poches, l’air innocent et indifférent. Il alla s’adosser à un poteau et attendit les événements.

Le roi avait bondi sous l’insulte. Il avait jeté le paquet avec dégoût. La couverture se déroulait juste au moment où la femme arrivait. Une foule considérable la suivait sur les talons.

La paysanne saisit d’une main le poignet du roi, tandis que de l’autre elle ramassait son paquet ; puis elle fit pleuvoir un torrent d’injures sur le pauvre enfant qui se débattait et essayait vainement de s’arracher à l’étreinte.

Hugo n’avait pas besoin d’en savoir davantage. Son ennemi était pris et l’officier de justice ne tarderait point à entrer en scène. C’était le moment de se dérober. Rayonnant de joie, il regagna le camp en fredonnant une chanson. Et tout en s’éloignant prudemment du lieu où avait été commis le vol, il rumina le récit vraisemblable qu’il allait faire de cet accident à la tribu de l’Hérissé.

Cependant le roi continuait de lutter pour retirer son poignet de l’étau qui l’emprisonnait. Il était furieux et criait, le rouge au front :

— Laissez-moi, femme insensée ; ce n’est pas moi qui vous ai pris ce paquet.

Mais la foule l’avait enfermé dans un cercle de fer et l’accablait d’outrages et de vociférations. Un forgeron en tablier de cuir, les manches retroussées jusqu’au coude, étendit un bras musculeux en jurant qu’il n’attendrait point l’arrivée de la justice pour infliger une correction à l’impudent.

Soudain une longue rapière fendit l’air et tomba