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et s’abattait sur la tête de Hugo, au milieu des trépignements de l’assemblée émerveillée.

En moins d’un quart d’heure, le gredin était moulu, roué, rossé, terrassé et obligé de quitter le champ du combat, sous les huées et les sifflets.

Le roi n’avait pas été touché une seule fois.

Les gueux l’enlevèrent ; deux d’entre eux le hissèrent sur leurs épaules et le portèrent en triomphe. Il fut assis à la place d’honneur, à côté de l’Hérissé, et proclamé solennellement Roi des Coqs de combat. Son titre de Fou-Fou Ier fut abrogé, et défense fut faite de lui donner ce nom ironique, sous peine d’être expulsé de la corporation.

Cependant les gueux avaient beau faire pour retenir le roi parmi eux. Il se refusait formellement à accepter leurs offres de services, à vivre dans leur intimité. Il n’avait qu’une pensée : c’était de prendre la fuite.

Le premier jour de son retour, on l’avait envoyé à la maraude dans une cuisine où il n’y avait personne ; non seulement il revint les mains vides, mais il avait fait tous ses efforts pour avertir les gens de la maison. On le donna ensuite comme aide à un chaudronnier : il se révolta quand son prétendu maître lui commanda de chercher de l’ouvrage, et il alla jusqu’à arracher au chaudronnier son fer à souder, avec lequel il menaça de lui casser la tête.

Hugo et le chaudronnier eurent toutes les peines du monde à l’empêcher de s’échapper. Il écrasait, sous ses foudres royales, quiconque voulait mettre obstacle à sa liberté ou s’avisait de lui commander. On le chargea alors d’aller avec Hugo, en compagnie d’une femme en guenilles et d’un enfant scrofuleux, demander l’aumône : il n’en fit rien, déclara qu’il ne