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— Salut, brave et saint homme ; où est l’enfant, mon enfant ?

— Quel enfant, mon ami ?

— Comment, quel enfant ! Ne mens point, saint homme, ne cherche pas à me tromper. Je n’entends pas raillerie. Près d’ici, j’ai surpris les gredins qui me l’avaient volé, je leur ai fait avouer ce qu’ils avaient fait de lui ; ils ont confessé qu’il s’était échappé de leurs mains et qu’ils avaient suivi ses traces jusqu’à cette hutte. Ils m’ont fait voir l’empreinte de ses pas. Voyons, que veut dire cette hésitation ? Prends garde, saint homme, si tu ne me le rends pas, si tu… Où est-il ?

L’ermite était resté un moment en suspens ; mais reprenant aussitôt son sang-froid, d’un air rusé, il dit avec componction :

— Votre Seigneurie a tort de s’alarmer. De qui me parle-t-elle ? Est-ce du petit vagabond en guenilles qui est venu ici chercher un refuge cette nuit ? Si c’est à lui que Votre Seigneurie s’intéresse, elle sera bientôt satisfaite. Je l’ai envoyé dans les environs. Il ne peut tarder de rentrer.

— Quoi ! Que dis-tu ? Je n’ai pas de temps à perdre. Où est-il allé, que je coure à sa rencontre. Tu affirmes qu’il reviendra ? Quand ?

— Ayez un peu de patience, messire, il sera ici dans quelques minutes.

— Soit, j’attendrai, puisqu’il le faut. Mais… Ah ! je n’y songeais point… Tu dis, tu soutiens que tu l’as envoyé je ne sais où, toi ! Tu mens. Il aurait refusé de t’obéir. Il t’aurait accablé de son mépris et de sa colère, si tu avais osé lui faire cet affront. Donc tu mens, tu mens effrontément. Il n’y a pas un homme au monde qui puisse lui commander.