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— Il a l’air tout mignon, dit l’une.

— Quels beaux cheveux ! dit l’autre.

— Oui, mais quel affreux costume !

— On dirait qu’il est mort de faim.

Elles firent un pas, deux pas en avant, regardant craintivement autour d’elles, les yeux toujours attachés sur le roi, qu’elles examinaient en tous sens et toisaient de haut en bas, comme si elles eussent eu affaire à quelque animal d’une espèce inconnue ; mais elles étaient circonspectes, elles ne risquaient qu’un pas après l’autre, car il se pouvait que cet animal fût méchant et qu’il lui prît envie de mordre. À force d’avancer, elles finirent par se trouver devant lui. Alors elles se tinrent par la main pour être plus sûres d’être deux, et elles le regardèrent fixement de leurs yeux innocents. Puis la plus grande prit son courage à deux mains, et d’une voix un peu tremblante, elle lui demanda avec douceur :

— Qui es-tu, petit ?

— Je suis le roi !

Cette réponse articulée gravement parut les intimider.

Elles se consultèrent du regard et demeurèrent muettes. Pourtant, un instant après, la plus petite céda à la curiosité :

— Le roi ! Quel roi ?

— Le roi d’Angleterre !

Les enfants s’interrogèrent de nouveau d’un clin d’œil, regardèrent l’inconnu, le regardèrent encore, étonnées, perplexes.

— As-tu entendu, Marguerite ? Il dit qu’il est le roi. Est-ce vrai ça ?

— Pourquoi ne serait-ce pas vrai, Priny ? Tu crois