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firent leur entrée dans le village de plusieurs côtés à la fois.

Hugo avait l’œil sur Jack. Pour plus de sûreté, il l’emmena avec lui. Ils errèrent assez longtemps à l’aventure. Hugo était en quête de quelque coup à faire ; mais le temps marchait, et il risquait de revenir bredouille.

— Rien à tondre ici, dit-il avec humeur ; c’est la tête d’un chauve que ce village, on n’y prend rien aux cheveux. Il ne nous reste plus qu’à mendier, mon petit.

— Mendier ! s’écria le roi avec indignation. C’est votre métier à vous, soit. Mais que je tende la main, moi !

— Et pourquoi ne mendierais-tu point ? s’exclama Hugo en attachant sur l’enfant un regard étonné. Ah, ça ! tu es donc fait d’une autre pâte que le reste de la pègre ?

— Je ne vous comprends pas.

— Ah ! tu ne me comprends pas ! Tu vas me faire accroire, je parie, que tu n’as pas fait le gueux de l’ostière[1] et mendié toute ta vie dans les rues de Londres.

— Moi ? Idiot !

— Tu n’es pas flatteur, momaque, et tu n’emmielles pas tes paroles. Ton père prétend que tu mendies et que c’est tout ce que tu sais. Tu ne vas pas dire que ton père ment, je suppose. À moins que tu n’aies aussi ce toupet-là.

— Vous parlez, je crois, de l’homme qui se dit mon père. Sachez-le, cet homme est un imposteur. Il ment ignoblement.

  1. Mendiant qui va de porte en porte.