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CHAPITRE II.

ENFANCE DE TOM.


Sautons quelques années.

Londres avait alors quinze siècles d’existence. C’était une ville fort grande pour l’époque. Elle comptait cent mille habitants ; d’autres disent le double. Ses rues étaient très étroites, tortueuses et sales, surtout à l’endroit où demeurait Tom, près d’un pont appelé London Bridge. Les maisons étaient en bois, le second étage surplombant le premier, le troisième étalant les coudes par-dessus le second. D’année en année elles gagnaient en hauteur et s’étendaient en largeur. Des poutres en croix de par Dieu formaient le squelette de la charpente ; dans les intervalles s’entassaient des matériaux solides enduits de plâtre. Les poutres étaient peintes en rouge, en bleu ou en noir, au gré et au goût du propriétaire, ce qui donnait à l’ensemble des constructions un aspect pittoresque. Les fenêtres étaient petites avec des vitres en losange ; elles s’ouvraient extérieurement et tournaient sur des gonds comme des portes.

La maison qu’occupait le père de Tom était au fond d’un cul-de-sac empuanti, nommé Offal Court, c’est-à-dire la cour des issues d’animaux, qui donnait dans Pudding Lane. C’était une masure, basse, dé-