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Le reste de la journée « se perdit », comme il disait à part lui, en travaux relatifs à ses devoirs royaux. Même les deux heures de loisir et de récréation qui lui furent accordées lui parurent plus fatigantes que jamais, parce qu’elles se trouvèrent presque entièrement remplies par des prescriptions et des restrictions cérémonieuses. Il eut toutefois une heure de complet répit avec son enfant du fouet, et il la mit bravement à profit en s’amusant avec le petit Humphrey, qui lui fournit de nouvelles et excellentes informations.

Le troisième jour de son règne se passa à peu près comme les autres ; seulement les nuages qui pesaient sur lui commencèrent un peu à s’éclaircir ; il se sentit un peu moins gêné que la veille et l’avant-veille, un peu plus au fait des tenants et des aboutissants ; ses chaînes d’or l’écorchaient toujours, mais pas toutes en même temps, et il lui semblait que la présence et les hommages des grands de sa Cour l’importunaient et l’embarrassaient de moins en moins.

Une seule chose le préoccupait encore et lui causait d’assez vives inquiétudes, à mesure qu’il se sentait plus proche du jour fixé pour le dîner d’apparat. Or, ce jour venait d’arriver.

Il s’en était fait répéter le programme, qui lui paraissait surchargé de complications. Ce jour-là, en effet, il devait présider un Conseil qui avait à prendre son avis et ses ordres sur la politique à suivre vis-à-vis des diverses nations étrangères ; ce même jour aussi, lord Hertford devait être définitivement élevé à la haute dignité de lord Protecteur ; ce même jour, enfin, devaient avoir lieu nombre d’autres événements de la plus haute gravité ;