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d’Offal Court, où l’on procédait plus sommairement quand il s’agissait de mener un mort en terre. Cependant lord Hertford lui glissa encore quelques mots qui parurent lui donner satisfaction.

Un secrétaire d’État présenta un ordre du Conseil fixant au lendemain matin, à onze heures, la réception officielle des ambassadeurs étrangers, et demanda à cet effet la sanction royale.

Tom adressa un regard interrogateur à lord Hertford qui chuchota :

— Votre Majesté fera sagement de consentir à cette requête. Les ambassadeurs étrangers viennent vous témoigner, sire, la part que prennent les souverains, leurs maîtres, à la grande calamité qui a frappé Votre Majesté et le royaume d’Angleterre.

Tom fit ce qu’on lui demandait.

Un autre secrétaire lut un exposé de motifs relatant les dépenses de la maison du Roi, qui s’étaient élevées à 28,000 livres pendant les six mois écoulés : somme tellement inouïe pour Tom Canty qu’il en resta la bouche béante. Il l’ouvrit plus démesurément encore lorsqu’on lui apprit qu’il était dû sur ce total 20,000 livres, que les coffres du Roi étaient presque vides, et que les douze cents gentilshommes de la maison du Roi étaient fort dans l’embarras, pour n’avoir pas reçu les gages, qui leur étaient alloués, il est vrai, mais qui n’étaient pas payés.

Il y eut un moment où Tom n’y tint plus et s’écria, tout ému :

— Mais nous prenons le chemin de l’hôpital, mes amis. Il faudra changer tout cela, et tout de suite prendre une maison plus petite, car je n’ai guère besoin de cette grande halle que voici ; il faudra aussi me débarrasser de tous ces gens qui ne font rien et ne