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« Voyez, mylord ! » jusqu’à ce qu’elles fussent arrivées au lord grand écuyer de service, qui les regarda, pâlit affreusement, et murmura d’une voix étranglée :

— Corps de ma vie, il manque un ferret à un troussis ! Que l’on enferme à la Tour le premier gentilhomme garde-chausses du Roi.

Puis il s’appuya tout défait sur l’épaule du premier lord de la vénerie, et ne recouvra son sang-froid que lorsqu’on lui eut passé une autre paire de chausses où il ne manquait, cette fois, ni ferret ni troussis.

Comme toute chose a une fin, il arriva un moment où Tom Canty se trouva en état de sortir de son lit. Alors un gentilhomme ayant privilège à cet effet versa l’eau ; un autre gentilhomme privilégié régla les ablutions ; un autre gentilhomme privilégié fit écouler l’eau sale ; un autre gentilhomme privilégié tendit la serviette, et petit à petit, avec énormément de patience, Tom passa par les différentes phases de la purification, pour être remis ensuite aux officiers privilégiés chargés de coiffer Sa Majesté Royale. Quand il sortit de leurs mains, il était gentil comme une jolie petite fille, avec son petit manteau et ses chausses de satin pourpre, et sa toque ornée d’une plume de même couleur. Alors il se rendit en grande pompe à la salle où était servi le déjeuner royal, et à mesure qu’il avançait, les courtisans se reculaient sur son passage, s’agenouillaient et se prosternaient devant lui.

Après le déjeuner, on le conduisit, toujours en grande pompe escorté par les grands officiers de la Couronne et par les cinquante gentilshommes pensionnés de la garde portant des haches