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LE PRINCE


ET LE PAUVRE



CHAPITRE I.

NAISSANCE DU PRINCE ET DU PAUVRE.


Dans l’antique Cité de Londres, par un beau jour d’automne du second quart du seizième siècle, naquit à une famille pauvre du nom de Canty un garçon dont elle n’avait que faire. Le même jour un autre enfant anglais naissait à une famille riche du nom de Tudor, qui aurait pu difficilement se passer de lui. Toute l’Angleterre, d’ailleurs, le réclamait avec impatience. L’Angleterre l’avait si longtemps attendu, elle l’avait tant souhaité, elle avait tant prié Dieu de le lui accorder que, maintenant qu’il était là, le peuple était presque fou de contentement. Des gens qui se connaissaient à peine se sautaient au cou et s’embrassaient en pleurant. Tout le monde chômait. Grands et petits, riches et pauvres festoyaient, dansaient, chantaient, s’attendrissaient. Cela dura plusieurs jours et plusieurs nuits. Le jour, Londres était splendide à voir :