Page:Twain - Le prince et le pauvre, trad Largilière, 1883.djvu/115

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il s’endormit à son tour, presque à l’aurore. Vers midi, il se leva, alla découvrir prudemment son pupille et fit le geste de lui prendre la mesure. Le roi s’éveilla au moment où Miles achevait cette besogne, se plaignit du froid et lui demanda ce qu’il faisait.

— Ce n’est rien, sire, c’est fini, dit vivement Hendon. J’ai quelque affaire dans le voisinage, mais je rentre à l’instant. Ne bougez pas. Tâchez de vous rendormir, vous en avez bien besoin. Là, là ; laissez-moi vous couvrir la tête aussi, vous vous réchaufferez plus vite.

Le roi était retourné au pays des rêves avant la fin de ces paroles. Miles sortit furtivement, pour rentrer de même au bout de trente ou quarante minutes. Il tenait sous le bras quelques nippes d’enfant achetées d’occasion. L’étoffe en était, il est vrai, presque en toile d’araignée et attestait de longs services ; mais le tout était propre et de bonne mise pour la saison. Il s’assit et inspecta pièce à pièce ses emplettes.

— Avec plus d’argent, se dit-il en parlant tout haut, j’aurais évidemment trouvé mieux ; mais on ne peut semer que suivant son sac, et quand le sac est petit…

Il était jadis une femme,
Une femme il était.

Il a bougé, je crois ; chantons moins haut ; il ne faut pas troubler son sommeil ; le voyage sera long, et il est déjà harassé, le pauvre chéri. Ce vêtement n’est pas trop mauvais ; une reprise par ci, une autre par là, on n’y verra plus rien. Ah ! voici qui vaut mieux, quoiqu’il faille encore une reprise là…