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Il se leva et se dirigea vers la toilette, qui était dans un coin de la pièce ; puis il attendit.

Hendon était tout animé :

— Nous avons là, dit-il, en montrant la table, une excellente soupe et un bon morceau de salé, le tout bien chaud, bien savoureux, avec un coup de vin ; cela va te refaire, te réconforter, te chauffer des pieds à la tête, tu vas voir.

L’enfant ne répondit point ; il se contenta de fixer les yeux sur le géant qui lui parlait, et lui lança un regard étonné, sévère, quelque peu impatient.

Hendon se sentit troublé.

— Il te manque quelque chose ? balbutia-t-il.

— Je voudrais me laver, brave homme.

— N’est-ce que cela ? Tu n’as pas besoin de demander la permission à Miles Hendon, pauvre petit. Mets-toi à l’aise, dispose de tout ce qui est ici, à ton gré et à ta guise.

L’enfant n’avait pas bougé de place ; mais il frappa deux ou trois fois le parquet du pied.

Hendon commençait à devenir perplexe.

— Dieu me garde, dit-il, je n’y comprends plus rien.

— Versez l’eau, brave homme, et ne faites pas tant d’exclamations.

Hendon eut peine à retenir un éclat de rire.

— Par tous les saints, se dit-il, voici qui est admirable.

Il s’avança avec respect et fit ce qu’on lui commandait. Puis il attendit, stupéfait, qu’on lui donnât un nouvel ordre.

— Eh bien ! Et la serviette ?

Ces mots étaient dits d’un ton sec, impérieux.

Il prit la serviette, qui était sous le nez de l’enfant, et la lui tendit sans réplique. Puis il se lava lui-même.