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partie de South Park habitait-il ? S’il descendit en ville, à six heures, s’y arrêta-t-il ? Si oui, que lui arriva-t-il ? Est-ce lui, l’individu qui fut victime du désastreux accident ? Considérant le luxe minutieux de détails qu’on observe dans cet article, il me semble qu’il devrait donner plus de renseignements qu’il ne fait. Au contraire, il est obscur. Non pas seulement obscur, tout à fait incompréhensible. La fracture de la jambe de M. Schuyler, quinze ans auparavant, est-ce là le désastreux accident qui plongea M. Bloque dans une affliction indescriptible, et le fit venir ici, à la nuit noire, pour suspendre notre tirage afin de communiquer au monde cet événement ? — Ou bien, le « désastreux accident » est-ce la destruction des propriétés de la belle-mère de M. Schuyler, dans les temps anciens ? — Ou encore la mort de cette dame, qui eut lieu il y a trois ans (bien qu’il ne paraisse pas qu’elle soit morte d’un accident) ? En un mot, en quoi consiste le « désastreux accident » ? Pourquoi cet âne bâté de Schuyler se plaça-t-il dans le sillage d’un cheval emporté, en criant et gesticulant, s’il prétendait l’arrêter ? Et comment diable fit-il pour être renversé par un cheval qui était déjà devant lui ? Et quel est l’exemple dont nous devons faire notre profit ? Et comment cet extraordinaire chapitre d’absurdités peut-il renfermer un enseignement ? Et, par-dessus tout, qu’est-ce que le « breuvage enivrant » vient faire là ? On n’a pas dit que Schuyler buvait, ou sa femme, ou sa belle-mère, ou le cheval. Pourquoi, alors, cette allusion au « breuvage enivrant » ? Il me semble que si M. Bloque avait laissé lui-même tranquille le « breuvage enivrant », il ne se serait jamais tourmenté de la sorte pour cet exaspérant et fantastique accident. J’ai relu et relu cet article absurde