Page:Twain - Contes choisis.djvu/43

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Mais, bonté divine, si vous étiez à ses funérailles, c’est qu’il était mort. Et s’il était mort, que lui importait que vous fissiez ou non du bruit ?

— Je n’en sais rien. Il a toujours été un peu maniaque, de ce côté-la.

— Allons, je n’y comprends rien. Vous dites qu’il vous parla, et qu’il était mort.

— Je n’ai jamais dit qu’il fut mort.

— Enfin était-il mort, ou vivant ?

— Ma foi, les uns disent qu’il était mort, et d’autres qu’il était vivant.

— Mais vous, que pensiez-vous ?

— Bon ! Ce n’était pas mon affaire. Ce n’est pas moi que l’on enterrait.

— Mais cependant… Allons, je vois que nous n’en sortirons pas. Laissez-moi vous poser d’autres questions. Quelle est la date de votre naissance ?

— Le lundi, 31 octobre 1693.

— Mais c’est impossible ! Cela vous ferait cent quatre-vingts ans d’âge. Comment expliquez-vous cela ?

— Je ne l’explique pas du tout.

— Mais vous me disiez tout a l’heure que vous n’aviez que dix-neuf ans ! et maintenant vous en arrivez à avoir cent quatre-vingts ans ! C’est une contradiction flagrante.

— Vraiment ! L’avez-vous remarqué ? (Je lui serrai les mains.) Bien souvent en effet cela m’a paru comme une contradiction. Je n’ai jamais pu, d’ailleurs, la résoudre. Comme vous remarquez vite les choses !

— Merci du compliment, quel qu’il soit. Aviez-vous, ou avez-vous des frères et des sœurs ?

— Eh ! Je… Je… Je crois que oui, mais je ne me rappelle pas.