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— « Que diable avez-vous là-dedans ? »

« Smiley, d’un air indifférent lui répond : — «Ce pourrait être un perroquet, ou un canari, mais non, — c’est justement une grenouille. »

« L’autre la prit, la regarda attentivement, la tourna dans tous les sens, puis dit : — « C’est tout de même vrai. Et à quoi est-elle bonne ? »

— « Ma foi, dit Smiley d’un air dégagé et insouciant, elle est bonne pour une chose, à mon avis. Elle peut battre à sauter n’importe quelle grenouille du Calaveras. »

« L’individu reprit la boîte, l’examina de nouveau longuement, attentivement, et la rendit à Smiley en disant d’un air décidé : — « Après tout, je ne vois dans cette grenouille rien de mieux que dans n’importe quelle grenouille. »

— « C’est possible, dit Smiley. Peut-être que vous vous connaissez en grenouilles, et peut-être que vous ne vous y connaissez pas. Il se peut que vous ayez de l’expérience, il se peut que vous ne soyez qu’un amateur. Dans tous les cas, j’ai mon opinion, et je parie quarante dollars que cette grenouille saute plus loin qu’aucune grenouille du Calaveras. »

« L’autre réfléchit une minute, puis dit, avec une sorte de tristesse : — « Voilà. Je ne suis ici qu’un étranger, je n’ai pas de grenouille. Si j’en avais une je parierais. »

— « Très bien, dit Smiley ; si vous voulez tenir ma boîte un instant, je vais vous en chercher une. »

« L’individu prit la boîte, posa ses quarante dollars à côté de ceux de Smiley et s’assit pour attendre.

« Il demeura là un bon moment, à réfléchir et réfléchir. Puis il sortit la grenouille de la boîte, lui ouvrit la bouche toute grande, et prit d’autre part une cuillère à thé. Il se mit alors à emplir la grenouille