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parti avec l’adversaire. Il avait d’ailleurs une chance extraordinaire et gagnait presque sans manquer. Il était toujours prêt et disposé à la gageure. On ne pouvait mentionner la moindre chose que ce gaillard n’offrît d’accepter le pari pour ou contre. Cela lui était égal, comme je vous l’ai dit. Les jours de courses, vous le trouviez, à la fin, rouge de plaisir ou dépouillé jusqu’au dernier sou. S’il y avait un combat de chiens, il pariait ; un combat de chats, il pariait ; un combat de coqs, il pariait. S’il voyait deux oiseaux perchés sur une haie, il pariait lequel s’envolerait le premier, et s’il y avait un meeting au camp, il était là exactement, pariant pour le pasteur Walker, qu’il regardait comme le meilleur prédicateur du pays. Et il l’était, en effet, et, de plus, un brave homme. Smiley aurait vu une punaise, la jambe levée pour aller n’importe où, qu’il aurait parié sur le temps qu’elle mettrait à y arriver, et si vous l’aviez pris au mot, il aurait suivi la punaise jusqu’au Mexique, sans s’inquiéter de la longueur du voyage ou du temps qu’il serait en route. Il y a des tas de gens ici qui ont connu ce Smiley et qui pourront vous parler de lui. Sans aucune préférence il eût parié sur n’importe quoi. C’était un déterminé gaillard. La femme du pasteur Walker, à une époque, fut très malade. Sa maladie dura longtemps. Il semblait qu’on ne dût pas la sauver. Mais un matin le pasteur entra et Smiley lui demanda des nouvelles. Il répondit qu’elle était mieux, grâce à l’infinie miséricorde du Seigneur, et qu’elle allait si gentiment qu’avec la bénédiction de la Providence elle finirait par s’en tirer tout à fait, et Smiley, avant même d’y penser lui dit : « Je la prends morte, à deux et demi. »

« Ce Smiley avait une jument que les gamins appelaient «