Page:Twain - Contes choisis.djvu/165

Cette page n’a pas encore été corrigée


COMMENT JE DEVINS DIRECTEUR D’UN JOURNAL D’AGRICULTURE


Quand je devins le directeur temporaire d’un journal d’agriculture, ce ne fut pas sans appréhension. Un terrien non plus n’assumerait pas sans appréhension le commandement d’un vaisseau. Mais j’étais dans une situation où la question de salaire devait primer tout. Le directeur habituel partait en congé, j’acceptai ses propositions et je pris sa place.

Je savourai la sensation d’avoir à nouveau du travail, et je travaillai toute la semaine avec un plaisir sans mélange. Nous mîmes sous presse, et j’attendis le soir avec quelque anxiété pour voir si mes efforts allaient attirer l’attention. Comme je quittais le bureau, vers le coucher du soleil, des hommes et des garçons groupés au pied de l’escalier se dispersèrent, d’un seul mouvement, et me livrèrent passage, et j’en entendis un ou deux qui disaient : « C’est lui ! » Je fus naturellement flatté de cet incident. Le lendemain matin, je trouvai un groupe semblable au pied de l’escalier, après avoir rencontré des couples épars et des individus arrêtés çà et là dans la rue, et sur mon passage, qui me considéraient avec intérêt. Le groupe se sépara, et les gens s’éloignèrent comme j’arrivais, et j’entendis