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rangent minutieusement sur la table, cependant qu’elles allument le feu avec vos manuscrits les plus précieux. S’il y a quelque vieux chiffon de papier dont vous soyez particulièrement encombré, et que vous épuisiez graduellement votre énergie à essayer de vous en débarrasser, vous pouvez faire tous vos efforts. Ils seront vains. Elles ramasseront sans cesse ce vieux bout de papier, et le remettront régulièrement à la même place. C’est leur joie.

Elles consomment plus d’huile à cheveux que six hommes. Si on les accuse d’en avoir soustrait, elles mentent avec effronterie. Que leur importe leur salut éternel ? Rien du tout absolument.

Si, pour plus de commodité, vous laissez la clef sur la porte, elles la descendront au bureau et la donneront au garçon. Elles agissent ainsi sous le vil prétexte de garder vos affaires des voleurs. Mais en réalité, c’est pour vous forcer à redescendre à la recherche jusqu’au bas de l’escalier, quand vous rentrez fatigué, ou pour vous causer l’ennui d’envoyer un garçon la prendre. Ce garçon comptera bien recevoir quelque chose pour sa peine. Dans ce cas, je suppose que ces misérables créatures partagent le gain.

Elles viennent régulièrement chercher à faire votre lit avant que vous soyez levé, détruisant ainsi votre repos, et vous réduisant à l’agonie. Mais dès que vous êtes levé, elles ne reparaissent plus jusqu’au lendemain.

Elles commettent toutes les infamies qu’elles peuvent imaginer, cela par perversité pure, et non pour quelque autre motif.

Les femmes de chambre sont mortes à tout sentiment humain. Si je puis présenter une pétition à la chambre, pour l’abolition des femmes de chambre, je le ferai.