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et lui donnait sur la tête des coups de bâton, et le poursuivait jusqu’à sa maison, en criant « Hi ! hi ! » derrière lui. Telle était l’ambition du jeune Jacob Blivens. Il souhaitait de passer dans un livre de l’ecole du dimanche. Quelque chose seulement lui faisait éprouver une impression manquant de confortable : il songeait que tous les bons petits garçons mouraient à la fin du livre. Sachez qu’il aimait à vivre, et c’était là le trait le plus désagréable dans la peinture d’un bon garçon des livres de l’école du dimanche. Il voyait qu’il n’était pas sain d’être saint. Il se rendait compte qu’il était moins fâcheux d’âtre phtisique que de faire preuve de sagesse surnaturelle comme les petits garçons des livres. Aucun d’eux, remarquait-il, n’avait pu soutenir longtemps son personnage, et Jacob s’attristait de penser que si on le mettait dans un livre, il ne le verrait jamais. Si même on éditait le livre avant qu’il mourut, l’ouvrage ne serait pas populaire, manquant du récit de ses funérailles à la fin. Ce n’était pas grand’chose qu’un livre de l’école du dimanche où ne se trouveraient pas les conseils donnés par lui mourant à la communauté. Ainsi, pour conclure, il devait se résoudre à faire le mieux suivant les circonstances, vivre honnêtement, durer le plus possible, et tenir prêt son discours suprême pour le jour.

Cependant, rien ne réussissait à ce bon petit garçon. Rien ne lui arrivait jamais comme aux bons petits garçons des livres. Ceux-là avaient toujours de la chance, et les méchants garçons se cassaient les jambes. Mais, dans son cas, il devait y avoir une vis qui manquait au mécanisme, et tout allait de travers. Quand il trouva Jim Blake en train de voler des pommes, et qu’il vint sous l’arbre pour lui lire l’histoire du méchant petit garçon