Page:Twain - Contes choisis.djvu/130

Cette page n’a pas encore été corrigée

pour lui souhaiter bonne nuit. Au contraire, elle lui frottait les oreilles quand il la quittait pour dormir.

Un jour ce méchant petit garçon vola la clef de l’office, s’y glissa, mangea de la confiture, et remplit le vide du pot avec du goudron, pour que sa mère ne soupçonnât rien. Mais à ce moment même un terrible sentiment ne l’envahit pas. Quelque chose ne lui sembla pas murmurer : « Ai-je bien fait de désobéir à ma mère ? » « N’est-ce pas un péché d’agir ainsi ? » « Ou vont les méchants petits garçons qui mangent gloutonnement la confiture maternelle ? » Et alors, il ne se mit pas à genoux, tout seul, et ne fit pas la promesse de n’être plus jamais méchant ; il ne se releva pas, le cœur léger et heureux, pour aller trouver sa mère et tout lui raconter ; et demander son pardon, et recevoir sa bénédiction, elle ayant des pleurs de joie et de gratitude dans les yeux. Non. C’est ainsi que se comportent les autres méchants petits garçons dans les livres. Mais chose étrange, il en arriva autrement avec ce Jim. Il mangea la confiture et dit que c’était « épatant » dans son langage grossier et criminel. Et il versa le goudron dans le pot, et dit que c’était aussi « épatant » et se mit à rire, et observa que la vieille femme sauterait et renâclerait, quand elle s’en apercevrait. Et quand elle découvrit la chose, il affirma qu’il ignorait ce qu’il en était ; elle le fouetta avec sévérité ; il se chargea de l’accompagnement. Tout s’arrangeait autrement pour lui que pour les méchants James dans les histoires.

Un autre jour, il grimpa sur le pommier du fermier Acorn, pour voler des pommes. La branche ne cassa pas. Il ne tomba pas et ne se cassa pas le bras, et ne fut pas mis en pièces par le gros chien du fermier, pour languir de longues semaines sur