Mon âme est un vaisseau qui s’use dans le port ;
Mon âme est un aiglon qu’on tient avec effort
Sous le dur barreau qui le souille ;
Mon âme languissante a besoin de réveil :
Aiglon, je veux grandir en face du soleil ;
Vaisseau, je veux laver ma rouille.
Ô mes strophes ! voici votre heure, — élancez-vous ;
Élancez-vous, malgré les aquilons jaloux
Et les tempêtes vos rivales.
Ô mes strophes de plainte ! ô mes strophes d’amour !
L’espace est là, — partez, plongez-y tour à tour
Comme un fol essaim de cavales.
Mon cœur terne et pensif n’a reposé que trop :
Reprenez, reprenez l’impétueux galop,
Ô mes cavales palpitantes !
Volez comme l’Arabe effaré, quand son œil,