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Je ne demande rien, ni gloire, ni bonheur,
Mais leur vie est ma vie, il me la faut, Seigneur !


LVII

FUITE.


Mon âme est un vaisseau qui s’use dans le port ;
Mon âme est un aiglon qu’on tient avec effort
Sous le dur barreau qui le souille ;
Mon âme languissante a besoin de réveil :
Aiglon, je veux grandir en face du soleil ;
Vaisseau, je veux laver ma rouille.

Ô mes strophes ! voici votre heure, — élancez-vous ;
Élancez-vous, malgré les aquilons jaloux
Et les tempêtes vos rivales.
Ô mes strophes de plainte ! ô mes strophes d’amour !
L’espace est là, — partez, plongez-y tour à tour
Comme un fol essaim de cavales.

Mon cœur terne et pensif n’a reposé que trop :
Reprenez, reprenez l’impétueux galop,
Ô mes cavales palpitantes !
Volez comme l’Arabe effaré, quand son œil,