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servations un peu fines, on pourrait parvenir à une théorie des sens assez remarquable.

Voici comment je voudrais que l’on s’y prît. Il est sûr que les analogies sont de ces choses plutôt senties qu’aperçues, et que le peuple sent longtemps avant que le philosophe en sache rendre raison, car les philosophes dissertent volontiers sur ce que personne ne sait qu’eux, et ils ne parlent presque jamais de ce que tout le monde sait. Or, pour revenir à mon sujet, ce que le peuple sent se peint dans son langage ; je voudrais donc qu’on examinât dans les langues les métaphores que l’on a faites d’un sens à un autre, et des sens à l’esprit ; cela nous mènerait à connaître r analogie des sens, et en passant nous montrerait peut-être le comment de plusieurs de nos façons de parler. Voici des exemples. On dit une vue perçante, un son perçant : on ne dit pas un goût perçant, une odeur perçante, et l’on dit aussi un esprit perçant, et non un sentiment, un cœur, etc.

J’observe en général que l’ouïe, la vue et l’esprit sont analogues. Le tact, le goût, l’odorat, le sont aussi entre eux. Il faudrait suivre cela dans ses différentes métaphores, et voir ce qu’elles deviennent dans les différentes langues : on trouverait des métaphores, hardies et agréables, qui pourraient donner des vues ; d’autres prouveraient le mauvais goût d’une nation.

Je viens à la mémoire. L’article XXXII est le plus fort de tous. Qu’est-ce que ces perceptions passées qui font partie de la perception présente ? Qu’est-ce que c’est que cette supposition pyrrhonienne par où Maupertuis finit ?

Voici ma pensée : toute idée, ou signe aperçu, fait une impression qui se lie avec d’autres, ou qui ne s’y lie pas. Cette impression, liée avec d’autres, est plus aisée à rappeler. Se rappelle-t-elle, ou rappelle-t-elle la marque qu’elle a laissée, ou en quelque sorte le chaînon qu’elle a fait avec d’autres : quand elle se le représente, elle porte avec soi le sentiment de son autorité, sa place y était, et cette place n’était propre qu’à elle ; l’esprit le sent : voilà la mémoire. Si elle ne s’était liée avec aucune autre idée, elle voltigerait dans l’esprit, et l’on n’aurait pas le sentiment sûr de sa mémoire. Il n’y a personne qui n’ait senti voltiger dans sa tête de ces idées-là, dont on ne sait si on les a eues ou non. Il est d’autres cas où cela arrive lorsque, sans avoir déjà été dans l’esprit, elles sont une suite de celles qui y sont. On doute si on ne les a point eues. J’appelle ces idées-là les remords de l’esprit ; elles font une espèce de reproche de ce qu’on ne les a pas eues.


ÉTYMOLOGIE.

(Article extrait de l’Encyclopédie.)

Étymologie (s. f.). C’est l’origine d’un mot.

Le mot dont vient un autre mot s’appelle primitif, et celui qui vient du primitif s’appelle dérivé. On donne quelquefois au primitif même le nom d’étymologie : ainsi l’on dit que pater est l’étymologie de père.

Les mots n’ont point avec ce qu’ils expriment un rapport nécessaire ; ce n’est pas même en vertu d’une convention formelle, et fixée invariablement entre les hommes, que certains sons réveillent dans notre esprit certaines idées. Cette liaison est l’effet d’une habitude formée durant l’enfance, à force