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tinuellement du défaut de zèle ou de la mauvaise volonté. Les ordres qu’il donnerait seraient mal exécutés : toutes les précautions pour retenir l’Amérique sous le joug se relâcheraient ; son ministère se partagerait, ou succomberait sous les efforts de l’opposition ; cette opposition ne serait pas, comme aujourd’hui, le parti de quelques enthousiastes, conduits par les ambitieux qui veulent renverser les ministres pour se mettre à leur place ; toute la nation, avertie du danger, s’y rallierait, et deviendrait l’alliée de l’Amérique pour l’aider à secouer le joug du roi.

En vain la cour voudrait détourner l’orage par une guerre étrangère ; quels succès pourrait-elle espérer ? Si elle dégarnissait ses colonies pour attaquer celles de France et d’Espagne, l’Amérique ne prendrait-elle pas ce moment pour se délivrer de l’oppression ? Ne deviendrait-elle pas sur-le-champ l’alliée de la France et de l’Espagne ? Peut-être aujourd’hui une attaque de la part des deux puissances contre l’Angleterre produirait-elle la réunion des colonies avec la métropole, parce que le lien des anciens préjugés d’attachement pour la mère-patrie, d’aversion pour ses ennemis, n’est pas encore rompu ; mais ce lien s’affaiblit tous les jours dans le cours de la guerre. La conquête, et l’oppression qui succéderait, le détruiraient encore plus promptement. La seule crainte d’abandonner les colonies à leur mauvaise volonté tiendrait enchaînée la plus grande partie des forces britanniques occupées à contenir les Américains : la France et l’Espagne déploieraient au contraire leurs forces en liberté.

Il y a une entreprise à laquelle il serait aujourd’hui absurde de penser, et qui peut-être, dans de pareilles circonstances, deviendrait non-seulement possible, mais raisonnable. Je parle du projet de reprendre le Canada. Il nous est aujourd’hui très-avantageux que l’Angleterre le possède. C’est parce que les Américains n’ont pas vu derrière eux d’ennemis qui pussent les inquiéter qu’ils ont senti leurs forces et la possibilité de se rendre indépendants. Le Canada nous a été à charge, parce qu’il était toujours trop faible pour se soutenir par lui-même contre les efforts réunis de l’Angleterre et de ses colonies, qui le voyaient avec jalousie lorsqu’il était nécessairement leur ennemi. Mais l’Amérique, opprimée par l’Angleterre et impatiente de reprendre sa liberté, aurait le plus grand intérêt de nous voir rentrer en possession du Canada : ce serait un allié qui