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il pourra prêter à une critique fondée ; mais quand on ne pensera plus à moi, quand il ne restera de Votre Majesté sur la terre que le souvenir du bien qu’elle aura fait, j’ose croire que ce même préambule sera cité, et qu’alors la déclaration solennelle que fait Votre Majesté, qu’elle supprime la corvée comme injuste, sera une barrière invincible pour tout ministre qui oserait proposer de la rétablir. Je ne tairai point à Votre Majesté que j’ai eu ce temps-là en vue lorsque j’ai travaillé à ce préambule, et que j’y suis attaché pour cette raison.

Je sens qu’il peut y avoir une sorte de délicatesse à blâmer les anciennes opérations du gouvernement, mais il est vraiment impossible de développer les principes, de façon à écarter les abus pour l’avenir, sans qu’il en résulte quelque odieux pour ces abus. Tout ce qu’on peut faire, c’est d’éviter que ce blâme ne tombe sur les personnes, auxquelles on peut toujours présumer des intentions droites. J’ai tâché de conserver cette nuance. Au reste, cette délicatesse, quoique fondée, me paraît devoir céder ici au grand objet qui est de consolider à perpétuité le bien que Votre Majesté veut faire à ses sujets, et d’en imposer aux administrateurs à venir, en détruisant les fausses raisons qui ont égaré les administrateurs des temps passés.

2o Suppression de la police de Paris sur les grains. — Je propose ensuite à Votre Majesté une déclaration[1] pour abroger une foule d’anciens règlements sur la police des grains, relativement à l’approvisionnement de Paris. Ces règlements, qu’on ne pourrait pas croire aussi absurdes qu’ils le sont, si on ne les avait sous les yeux ; qui le sont au point de ne pouvoir être exécutés ; qui, s’ils étaient exécutés, réduiraient Paris à n’avoir de subsistance que pour onze jours, sont cependant un obstacle qui rend impossible l’établissement du commerce des grains dans la ville de Paris, parce qu’ils sont un glaive toujours levé avec lequel les magistrats peuvent frapper, ruiner, déshonorer à leur gré tout négociant qui leur aurait déplu, ou que les préjugés populaires leur auraient dénoncé. Ces règlements sont un titre pour autoriser les magistrats à faire, dans les temps de disette, parade de leur sollicitude paternelle, et à se donner pour les protecteurs du peuple en fouillant dans les maisons des labou-

  1. Le lecteur devra se reporter, en ce qui touche cette déclaration, à la page 213 de ce volume.