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Nous sentions combien le résultat en était effrayant et peu proportionné aux besoins actuels de l’État, puisque ce résultat montait à 900,000 livres. Nous ne demandions ni n’espérions même pas ce secours ; mais nous avons été vivement affligé de n’obtenir que 270,000 livres, somme qui ne nous a permis que de soulager imparfaitement la Montagne et quelques parties du Limousin, et qui nous a laissé l’impuissance de faire sentir à l’Angoumois les effets de la bienveillance du roi. En 1770, nous avions du moins obtenu un moins-imposé de 450,000 livres, et toute la province s’en était ressentie. Nous devons dire, et nous croyons avoir prouvé, que ses besoins sont beaucoup plus considérables, et nous osons supplier Sa Majesté de vouloir bien y proportionner ses bontés.


Avis sur l’imposition de la taille de la généralité de Limoges pour l’année 1773[1].

Nous avons développé tant de fois, avec tant de force et d’étendue, l’indispensable nécessité de venir au secours de cette généralité, non-seulement par un soulagement momentané à titre de moins-imposé, mais par une diminution forte et permanente sur ses impositions, que nous sommes réduit à l’impuissance de rien ajouter de nouveau à ce que nous avons déjà dit. Nous osons prier encore le Conseil de prendre en considération le Mémoire sur la surcharge des impositions de la généralité, que nous avons joint à notre Avis sur les impositions à la fin de 1766, les détails dans lesquels nous sommes entré en donnant notre Avis en 1770, et ceux que nous y avons ajoutés l’année dernière. Nous nous bornerons à en présenter ici les résultats généraux.

1o Nous croyons avoir démontré, dans le Mémoire déjà cité, que les fonds taillables de la généralité de Limoges payent au roi, en y comprenant les vingtièmes, de 45 à 50 pour 100 du revenu total de la terre, ou de 90 à 100 pour 100 de ce qu’en tirent les propriétaires, et que cette charge est incomparablement plus forte que

  1. Cet Avis était accompagné d’un préambule que Dupont de Nemours résume en ces termes :

    « M. Turgot observe que le brevet de la taille pour l’année 1775 est le même que pour l’année 1772, et que le roi ayant accordé après l’expédition du brevet une diminution de 270,000 livres en moins-imposé, la perception du nouveau brevet, si elle devenait obligatoire, serait une augmentation réelle de 270,000 francs.

    « Il rend compte ensuite de l’état des récoltes, puis il passe à son Avis. »