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branches de celle des toileries, batistes, linons, etc. ; dans le dessin, la peinture, la sculpture, la dorure, dans l’art de faire des carrosses, dans l’imprimerie, dans la bijouterie, dans les manufactures de faïence et de porcelaine, dans la préparation des cuirs, dans l’art de graver sur le verre, de tremper et d’adoucir l’acier ? S’il n’est pas de l’intérêt de l’Angleterre de présenter à ces étrangers un appât suffisant pour se les attirer et pour augmenter le nombre de ces mains utiles et industrieuses, qui sont incontestablement la force et la richesse d’un État ?

III. Si le commerce de la Grande-Bretagne n’est plus susceptible d’accroissement, et si un plus grand nombre de mains, de nouveaux intéressés, des correspondances multipliées, l’industrie, l’économie, la sobriété devenues plus communes, n’augmenteraient pas nos manufactures, notre commerce, notre navigation et nos richesses nationales ? Si même les liaisons que nos nouveaux citoyens conserveraient nécessairement avec leurs anciens compatriotes n’ajouteraient pas au commerce de la nation de nouvelles correspondances, de nouvelles commissions, de nouvelles branches de négoce ?

Section III. — Des matériaux pour le travail, et de l’emploi des pauvres.

I. Si nous travaillons maintenant toutes les matières premières que la Grande-Bretagne et l’Irlande produisent ou pourraient produire, toutes celles qu’on pourrait tirer de nos colonies ou introduire de chez l’étranger ; ou, ce qui revient au même, s’il ne nous serait pas possible d’employer dans nos manufactures une plus grande quantité de laine[1], de soie brute, de coton, de chanvre, de lin, de fer, de

    si elle n’avait jamais existé. Quoi qu’il en soit, elle suffit pour prouver que, dans l’opinion de nos législateurs, la naturalisation des manufacturiers étrangers est un moyen d’employer les pauvres, et non pas de leur ôter le pain de la bouche. (Note de l’auteur.)

  1. Les opposants au bill de naturalisation objectent que nous avons manufacturé dans ces derniers temps, sans le secours des étrangers, toute la laine que produit ce royaume : de là ils infèrent que nous n’aurions point assez de laine pour occuper un plus grand nombre d’ouvriers. Mais on les prie de considérer :

    1o Qu’il est très-possible que l’industrie perfectionnée trouve des moyens pour élever et pour nourrir dans ce royaume un plus grand nombre de moutons qu’on ne fait aujourd’hui, non-seulement sans diminuer la quantité des terres labourables, mais même en faisant servir cette multiplication de bestiaux à procurer une plus grande fertilité ; la méthode de nourrir des moutons pendant l’hiver avec des