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que si cette étoffe était intérieure à d’autres, il se trouverait parmi la multitude des consommateurs quelqu’un à qui cette infériorité même conviendrait mieux qu’une perfection plus coûteuse. Il était

    teuses études, desquelles encore le succès est incertain, il voyait avec plaisir que le mérite de l’artiste, mis à l’enchère par des amateurs éclairés, lui procurât à leurs dépens volontaires de grandes jouissances, une honorable aisance, et quelquefois de la richesse, le payement dont l’artiste s’est montré digne étant fourni par la richesse de ceux qui ont évalué son travail et lui en donnent le prix.

    Le même événement arrive pour un médecin de haute réputation, sans qu’on puisse dire que ses ordonnances heureuses et savantes, quoique noblement payées, soient une augmentation de la richesse nationale, ni qu’on doive les faire entrer dans l’inventaire de cette richesse quand on veut la calculer*.

    Il y a cependant un certain nombre d’arts qui ont une très-belle propriété, celle de faire des ouvrages dont la jouissance est plus ou moins durable ; de sorte que la valeur des consommations faites par les ouvriers et les entrepreneurs de ces ouvrages étant incorporée avec les fruits de leur travail, sans avoir été en aucun temps une richesse nouvelle, est une véritable prolongation de la même richesse, laquelle, jointe avec celles qui renaissent tous les ans, devient une accumulation progressive de richesses, qui peut s’accroître indéfiniment et contribue beaucoup à la formation des capitaux, aux douceurs de la vie, au bonheur, aux ressources, à la puissance des nations.

    C’est après avoir ainsi considéré les travaux que M. Quesnay les divisait en trois classes.

    Les travaux distributeurs de richesses, qui comprennent tous les services passagers, utiles ou agréables, et les fabrications alimentaires dont la consommation doit être subite sans rien laisser après elle.

    Les travaux conservateurs de richesses, qui embrassent les préparations propres à empêcher les productions de se corrompre, et tout ce qui sert au vêtement, au logement, à l’instruction constante : les étoffes, les meubles, les armes, les machines, les bijoux, les livres, les tableaux, les statues, les maisons, etc., etc.

    Les travaux producteurs de richesses, ceux de l’agriculture dans toutes ses