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LETTRES
SUR
LA LIBERTÉ DU COMMERCE DES GRAINS.



OBSERVATIONS DE L’ÉDITEUR.

Ces lettres n’ont été publiées que longtemps après les articles de l’Encyclopédie, et après celui de Quesnay entre autres ; elles n’ont pas laissé toutefois d’être bien accueillies du public, qui se ressouvenait alors des efforts faits par l’auteur pour la mise en pratique des idées qu’il avait exprimées dans cette correspondance.

Les principales propositions que Turgot soutient dans ces lettres peuvent être énoncées comme suit :

1o La liberté accroîtra le revenu des propriétaires ; donc ceux-ci n’ont rien à redouter d’elle.

2o La liberté augmentera les ressources du cultivateur ; donc le cultivateur n’a pas à redouter la liberté.

3o La liberté n’augmentera pas le prix moyen du blé ; donc le consommateur n’a rien à redouter de la liberté.

Mais comment ces phénomènes auront-ils lieu ? comment le propriétaire et le cultivateur verront-ils leur revenu augmenter, si les blés restent à bas prix ? et si le prix se relève, comment le consommateur y trouvera-t-il son compte ?

Turgot développe avec talent ces propositions. Mais il fonde la plupart de ses raisonnements sur la fixité des prix. La liberté amènera cette fixité, et dès lors les salaires seront plus stables, les relations des choses entre elles plus solidement établies. Voilà pour les consommateurs.

Quant aux propriétaires et aux cultivateurs, c’est aussi dans la fixité des prix qu’ils trouveront leur avantage. Les chiffres prouvent que par les soubresauts incessants qu’éprouve le prix des blés, le prix moyen de cette denrée est moins avantageux aux propriétaires et aux fermiers que ne le serait le prix assis sur les années moyennes. Le cultivateur ne reçoit donc pas la même somme moyenne