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Les Songes

Tour-à-tour j’en reſpirois légérement le parfum, ou liſois ſur ſes feüilles délicates qu’il n’eſt qu’un tems pour aimer ; qu’il eſt court ; qu’il en faut profiter.

Une douce langueur m’invite tout-à-coup au repos. Ma tête s’incline mollement ſur la roſe, la roſe s’échappe de mes mains & tombe ſur mon ſein.

Le ſommeil auquel je commence alors à me livrer, n’eſt point un de ces ſommeils d’été qui, naiſſant de l’accablement, vous ſaiſiſſent avec rapidité. Vrai ſommeil de Printems, on lui réſiſteroit aiſément s’il n’étoit plus doux d’y céder. Ce n’eſt point la néceſſité du repos que