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du Printems.

J’oublie de même qu’Azila eſt cette Beauté que j’ai vue ſous le feüillage, &, m’imaginant être Saladin, je ne vois plus en elle qu’une Amante dont j’ai craint de perdre la tendreſſe.

Nous nous regardons pendant quelque tems avec langueur. C’eſt le ſeul ſentiment dont nos ames ſoient encore capables. Fatiguées par les mouvemens d’eſpoir, d’inquiétude & de joie qu’elles viennent d’éprouver, elles ſemblent ſe confier leur épuiſement dans nos regards & s’y repoſer amoureuſement.

Nous pouſſons enfin un long ſoupir & nos yeux ſe rencontrant auſſitôt avec plus de viva-