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trième fois sur la droite du palais. Leur ensemble est de plus en plus terne, les nuances de plus en plus pâles, même les vêtements des derniers arrivants sont presque blancs. Ces danseurs sont maintenant en petit nombre et paraissent mimer avec des gestes las, l’enterrement d’un enfant chéri.)
(Le ciel, qui s’était obscurci depuis quelques instants, continue à s’assombrir. La mer est agitée ; de temps à autre, un éclair luit. Tout à coup, derrière le dernier des danseurs, se montre une personne étrangère. Elle s’avance, la tête baissée, cachant son visage dans ses deux longues manches. Sa démarche est triste et fatiguée.)
(Ourashima, saisi d’étonnement, devient tout pâle. D’un bond, il quitte son fauteuil. Il ne cesse de regarder la vieille femme qui va disparaître derrière le palais.)
(Les danseurs moins nombreux réapparaissent à droite pour la cinquième fois. La scène devient plus claire. Ourashima tourne la tête à droite et à gauche avec l’air d’un homme qui s’éveille d’un cauchemar. On entend la seconde chanson de matelots chantée au premier acte.)
la chanson (l’air d’Ohiwaké)

  Les parents s’irritent
  Contre le fils égaré,
  Mais ils le rechercheront plus tard…


(Pendant cette chanson, les danseurs vêtus de nuances pâles s’avancent à gauche avec tristesse et découragement. La scène est de plus en plus lugubre, la mer gronde, les éclairs brillent. Ourashima, en tremblant, regarde fixement la file des danseurs. La chanson cesse. Quelques couples passent, puis brusquement, c’est la fin du cortège.)
(Ourashima étonné suit des yeux les derniers danseurs qui disparaissent derrière le palais. La seconde partie de la chanson reprend, pénétrante et s’insinuant jusqu’au cœur.)